Vous n'êtes rien pour vous opposer à nous, tente de faire comprendre Ayrault, Premier Ministre de gôche comme chacun sait très concerné par les questions d'écologie, aux occupant-e-s de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Et pour ça, il utilise la méthode classique de rétablissement de l'ordre : les flics, qui, depuis déjà plus d'une semaine, sont sur le terrain afin d'expulser ces dangereux-ses anarchistes/altermondialistes/punks/autonomes/écologistes/vandales (liste non exhaustive), qui osent créer et vivre sans l’État. Il faut « sécuriser la zone » (un genre de campagne de dératisation, si vous préférez).
Et en cours de géographie, j'apprends que les citoyens ont le droit de participer aux décisions d'aménagement du territoire. « Mais toutes les protestations ne sont pas légitimes, nous fait écrire ma prof, par exemple celles qui s'opposent à l'intérêt général ». Sous-entendu, un projet de gare ou d'aéroport va rendre la région plus compétitive, donc les écolos, vous faites chier.
Vinci, sur Facebook, se présente presque comme philanthrope. Rappelle, face aux reproches qui lui sont faites, que c'est pas lui qu'à commencé, c'est l’État français, et pis d'abord on essaie de respecter un max la planète, et puis toutes les procédures judiciaires sont respectueuses des droits des gens.
Comme si c'était pas eux qui allaient se faire du fric avec ce putain d'aéroport. Comme s'ils n'étaient pas contents que l’État signe un contrat avec eux. Comme s'ils s'étaient un jour préoccupés de la biodiversité, des écosystèmes qui sont morts sous leurs tonnes de béton, de tous les oiseaux qu'ils ont asphyxié, de tous les hectares de terre qu'ils ont pollué pour leur profits — et la "compétitivité" des territoires.
Qu'est-ce qu'ils ont prévu, Vinci, pour protéger la nature "en compensation" (comme si on pouvait compenser la perte de dizaines d'écosystèmes) ? De couler des plaques en hommage aux crapauds disparus ? Quant à l'expulsion gentille, laissez-moi rire. Des flics, des pelleteuses, des blessés graves parmi les habitants ? Gentille, on a dit.
Les capitalistes et l’État, une fois de plus, montrent qu'ils ne savent que détruire. Détruit, le Sabot, le jardin qui nourrissait les habitants de la Zone A Défendre avec des légumes pas pollués. Détruites, les maisons où vivaient des familles entières. Ils détruisent tout ce qui vit en-dehors d'eux, anéantissent le bocage, tentent de saper le moral des humain-e-s qui y vivent, abattent des arbres, saccagent tout ce qui ressemble à du vivant, décrédibilisent les initiatives autogestionnaires, rasent tout ce que ces gens avaient construit. Leur cerveau est devenu une machine à engendrer des bénéfices.
Ils veulent de l'écologie qui ne dérange pas. Ils veulent de l'écologie électorale. Les réactions d'Eva Joly ne les gênent pas — ce n'est pas le but. Ils veulent pouvoir assassiner en paix et ne supportent pas qu'on leur fasse remarquer que leur projet est d'une connerie abyssale.
Ils ne sont que violence et font croire que la violence vient de l'autre côté.
500 000 € et 1200 robocops pour faire partir les hordes de rebelles qui menacent l'appareil étatique par le simple fait de vivre en autonomie.
Les médias en général ne disent rien et font croire que le sujet n'intéresse personne. Et quand un flic s'écorchera le doigt sur la dernière brindille qu'ils auront laissé, ils diront Ah, vous voyez, ces méchants marginaux qui jettent des pommes pourries sur les gentils policiers et qui mettent des brindilles exprès pour les tuer.
Parfois, ils vont reprendre les dépêches caricaturales de Romandie — et parler des mêmes jeunesanarchistessquatteursviolents que d'habitude (qu'on ne me dise pas que j'exagère). Ils invitent dans leurs tribunes des gens qui disent que l'aéroport est nécessaire, va créer des emplois, va dynamiser la région, ou encore que l'agroécologie c'est bon pour les utopistes, et autres conneries au kilomètre.
Les militant-e-s tiennent. Malgré les expulsions, les destructions et les
murages de maisons, les matraques, les lacrymos, les pelleteuses. Illes reconstruisent, illes rouvrent, illes débattent, illes écrivent, illes manifestent, bref, illes continuent de vivre. Je les admire, vous ne pouvez pas savoir à quel point. Le ton de leur site d'information est beaucoup moins désespéré que moi. Illes ont raison. Baisser les bras équivaudrait à mourir pour de bon.
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