9 juin 2013

Je n'en peux plus. 
Ne pas comprendre. Ne pas pouvoir.

Je n'en peux plus de lire, plus nombreux chaque semaine depuis les manifs homophobes, les récits de nouvelles agressions fascistes. (Celle de Clément Méric. Et puis celle-là. Et celle-ci.) 
De voir les raclures d'extrême-droite, du sang sur les mains et dans les yeux, puantes de haine, tenter de se faire plaindre, voire d'ériger les meurtriers en martyrs ; tenter de justifier leurs idées totalitaires, racistes, homophobes, morbides. 
De voir les récupérations des partis (ou même de n'importe quels groupes, par exemple le Nouvel Obs qui, tant qu'on y est, fait sa pub sur le dos de Clément) pour dire « regardez, moi je condamne hein, rejoignez-nous, nous aussi on est contre le fascisme ! »
D'entendre que ce sont les valeurs de la République qui ont été bafouées (depuis quand on a besoin de croire en la République pour lutter contre le fascisme ?) avec le meurtre de Clément.
D'entendre des crétins dire que le fascisme et l'antifascisme, c'est pareil, que c'était juste une baston  « entre extrémismes ».
De voir les médias tendre complaisamment leurs micros à ces abrutis en faisant semblant d'ignorer qui ils sont. Depuis les sombres années Sarkozy, et encore plus avec les présidentielles où un nombre incroyable d'heures de paroles a été accordé au FN, les médias permettent à ces connards de cracher leur haine aux heures de grande audience. Quand ce n'était pas Le Pen, c'était Hortefeux, Guéant, Estrosi, c'est encore Zemmour, Ayoub, Gabriac. Et Valls, aussi.

Derrière tous ces gens, des cadavres.

Ayrault a dit qu'il voulait dissoudre les JNR. Bravo, génial, on applaudit. On voit bien que le gouvernement a pris le temps de réfléchir au problème ("Oh, tiens, un mort, ça la fout mal, faudrait peut-être qu'on se préoccupe de la question"). Comme si ça allait changer quoi que ce soit. On ne détruit pas un long processus de diffusion d'idées nauséabondes comme un cachet d'aspirine.

Hier, alors que je prenais un verre avec des ami-e-s, on vient nous prévenir qu'une rafle de Rroms est en cours. Il y a aussi eu l'attaque d'un camp avec des cocktails Molotov. Jeudi dernier, au moment des rassemblements en hommage à Clément, 40 étrangers se font arrêter à Paris
Et toutes les expulsions, le squat incendié à Lyon (les familles, "relogées" dans un gymnase, en ont ensuite été expulsées), les discours anti-rroms, anti-musulmans, le mépris, le racisme d'Etat.

Alors, Jean-Marc, ne viens pas faire semblant de pleurer. C'est ton gouvernement. C'est ton putain de ministre de l'Intérieur qui expulse des familles avec 200 flics, qui envoie l'armée à Notre-Dame-des-Landes, c'est ta police qui empêche les contre-manifs face aux rassemblements des anti-IVG à Paris, qui brutalise, qui insulte, qui réprime, qui surveille.
C'est vous tous, gouvernants, qui constituez une grande partie du problème, en faisant en sorte que la haine devienne la norme.

Je ne veux plus les voir. Je ne veux plus les entendre. Je n'en peux plus. J'ai peur de la suite. Que faire quand écrire ne permet plus de traduire les larmes, la rage et la colère ?